L’ESSENTIEL

· Le cancer de l’ovaire est la 8ème cause de cancer chez la femme.

· Le nombre de nouveaux cas diagnostiqués en 2018 en France est estimé à 5193.

Les femmes peuvent être touchées par des types de cancers très différents. Celui de l’ovaire a la particularité d’être complexe à dépister, à traiter et d’avoir le taux de létalité le plus élevé parmi les cancers gynécologiques. Le cancer de l’ovaire est toutefois un cancer rare, bien moins répandu que celui du sein (5200 nouveaux cas de cancers des ovaires chaque année, contre 60 000 pour le cancer du sein) et pour lequel d’importants progrès scientifiques continuent à voir le jour.

Des progrès significatifs dans les traitements

Il existe différents types de cancers de l’ovaire. « L’un des grands enjeux de la recherche consiste ainsi à démembrer ces différentes types de cancers pour pouvoir, sous-groupe après sous-groupe, leur attribuer des traitements plus spécifiques » explique le docteur Jean-Claude Darmon, chirurgien gynécologique et du sein, spécialisé en cancérologie.

Par ailleurs, si les taux de rechute après un cancer de l’ovaire sont importants (70% avant 3 ans) et si malheureusement seulement 45% des patientes survivent après 5 ans de maladie, il convient de souligner les importants progrès apportés par de nouvelles classes thérapeutiques (dites aussi « thérapeutiques ciblées ») grâce à des molécules qui interagissent dans le signal intercellulaire.

Arrivé il y a une dizaine d’années, le Bevacizumab est par exemple un médicament qui limite l’angiogenèse (la création des vaisseaux par les tumeurs) et qui a ainsi permis de repousser la survenue de la rechute. Plus récemment, en 2014, sont également apparus les anti-PARP qui permettent de cibler les anomalies génétiques (mutations qui peuvent provenir du patrimoine génétique de l’individu, ou au contraire des mutations acquises qui se sont constituées seulement au niveau de la tumeur) et de fragiliser les cellules tumorales. « Actuellement, une nouvelle stratégie thérapeutique consistant à rechercher l’instabilité génomique est également en cours de développement« , précise Jean-Claude Darmon.

Un cancer complexe à dépister et souvent diagnostiqué à un stade avancé

S’il est assez simple de prévenir les formes avancées du cancer du sein grâce à des palpations et aux mammographies, le cancer de l’ovaire ne peut, quant à lui, faire l’objet d’un vrai dépistage. Les seins sont en effet facilement accessibles alors que les ovaires sont de petite taille et cachés à l’intérieur du ventre.

Les symptômes du cancer de l’ovaire sont extrêmement frustes. Ils sont le plus souvent mineurs voire inexistants, et occultés par tout ce qui se passe dans notre ventre (comme l’activité digestive). D’où un diagnostic très souvent établi à un stade avancé de la maladie (75% au stade 3 ou 4), avec notamment le symptôme de l’augmentation de la taille du ventre, signant la présence d’ascite (accumulation de liquide dans l’abdomen).

Des facteurs de risques et des facteurs de protection

L’absence de grossesse, des premières règles précoces, une ménopause tardive, l’obésité et l’âge (le cancer des ovaires touche essentiellement les femmes âgées de 65 à 70 ans) constituent les principaux facteurs de risque de cette pathologie. « De manière générale, plus les ovulations sont nombreuses, plus les traumatismes de l’ovaire sont élevés et plus il existe un risque de développer un cancer de cet organe », explique Jean-Claude Darmon. « A contrario, tout ce qui permet de réduire le nombre d’ovulations (contraception orale, grossesse, allaitement, ligature des trompes) constituent un facteur de protection« , ajoute-t-il.

L’augmentation du nombre de cancers de l’ovaire (+25% depuis environ une trentaine d’années) a de nombreuses causes, parmi lesquelles l’environnement et le mode de vie : le tabac, le recul du nombre de grossesses, la baisse de fréquence de l’allaitement, le développement de la surcharge pondérale et l’accroissement de la longévité.

Cancer de l’ovaire et hérédité

Dans le cas du cancer de l’ovaire, les formes dites familiales (c’est-à-dire génétiquement transmises) restent mineures et ne représentent que 25% des cas. « Cela reste toutefois plus fréquent que pour le cancer du sein, héréditaire dans seulement 5% des cas« , précise Jean-Claude Darmon.

Lorsque des femmes ont des antécédents familiaux, des consultations de génétique des cancers peuvent leur être proposées. Si l’enquête génétique montre une mutation prédisposant au cancer de l’ovaire, une ablation des ovaires peut alors être conseillée en prévention aux patientes.

Une chirurgie lourde…

Dans la grande majorité des cas, les patientes doivent subir une chirurgie lourde et une chimiothérapie associée aux thérapeutiques ciblées. Quand la chirurgie initiale n’est pas possible (soit presque une fois sur deux), la chimiothérapie est utilisée afin de réduire les tumeurs et ainsi de permettre une intervention.

« Il s’agit d’une chirurgie lourde dans la mesure où les tumeurs de l’ovaire sont « friables » et que la maladie peut ainsi rapidement se disséminer et toucher, au-delà de l‘appareil génital, les intestins par exemple et de nombreuses autres zones. C’est cette somme d’opérations dans l’opération qui explique la lourdeur du geste chirurgical« , poursuit Jean-Claude Darmon.

…et nécessitant une prise en charge ultra-spécialisée

« Le cancer des ovaires est une pathologie complexe qui demande d’avoir recours à des praticiens formés en oncologie gynécologique et travaillant avec un réseau de spécialistes tout au long du parcours des patientes. Les essais thérapeutiques sont également fondamentaux aujourd’hui« , estime le chirurgien.

Des RCP (réunion de concertation pluridisciplinaire) sont systématiquement réalisées avant le traitement d’un cancer de l’ovaire et la prise en charge ainsi que les protocoles de traitements se font en accord avec les recommandations internationales. « Un processus qui a permis, ces dernières années, de faire des progrès concernant la prise en charge des patientes« , conclut Jean-Claude Darmon.

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